On peut dire que Steve Albini a été un producteur clivant. Il y a ceux qui ont adoré travaillé avec lui, comme Steve Von Till, guitariste de Neurosis, louant sa qualité de n'avoir pas d'opinion préétablie sur la façon dont un groupe devait sonner. Et il y a ceux qui ont détesté, comme Eric Sourice, des Thugs, considérant Strike, enregistré avec Albini, comme le pire album de son groupe !
Avec quelques milliers d'albums au compteur, la carrière d'enregistreur de Steve Albini fut prolixe, variée, internationale. Mais il n'a sans doute jamais trouvé meilleur terrain de jeu que le noise rock US, pourvu qu'il soit suffisamment sophistiqué. Ce premier album de Craw, paru en 1993, est un parfait exemple.
On se situe ici sur la frange extrême du math rock, caractérisé par des rythmiques complexes, plus inspirées du jazz que du rock classique. Le gros son sur fond de guitares stridentes de Craw compose un univers où la pâte du chef Albini, capable de dompter la bête sans la domestiquer, fait mouche.
Un album profond et dense, où le rythme se calme parfois, le temps d'une introduction, comme sur Moira Is Vanishing (poke @MoiraMenes) mais où la fiévreuse inquiétude ne se tempère jamais, à l'exemple de ce magnifique Wordfall, où elle va crescendo pendant plus de 7 minutes.
Un album quintessentiellement albinien.
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