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Frank Black & The Catholics
Dog In The Sand
2001

12 Mars 1928 ________

Le barrage de St. Francis était un barrage qui alimentait l'aqueduc de Los Angeles. Il fut construit entre 1924 et 1926 à quelques kilomètres de l'actuelle ville de Santa Clarita. Ce soir là, à 23h57, le barrage a rompu et s'est éffondré, entrainant l'inondation du San Francisquito Canyon, et coutant la vie à près de 450 personnes.

Ce fut la plus grave erreur de génie civil survenue aux Etats-Unis, et la deuxième plus grave catastrophe après le séisme de 1906 à San Francisco. Elle couta sa carrière à l' ingénieur en chef du projet, William Mulholland.

La  très jolie chanson extraite de l'album d'aujourd'hui, intitulée "St Francis Dam Disaster", relate l'évènement du point de vue de l'eau, qui était emprisonnée derrière l'édifice, et qui a voulu s'affranchIr de sa geole de béton, et rejoindre l' Océan Pacifique. Aussi l'objectif de "St Francis Dam Disaster" porte moins sur la catastrophe elle-meme que sur la personification du mur d'eau et de son envie d'aller à la rencontre de la mer, à la rencontre de sa liberté. Il est plausible que la chanson présente aussi différents niveaux d'ironie biographique. Comme le savent tous ceux qui connaissent les Pixies, le précédent surnom de Frank Black était Black Francis. L'éclatement du barrage revet une importance particulière compte tenu de cette assertion. Black devait probablement lui aussi, s'affranchir de ses chaines, laisser derrière lui l'aventure Pixies, et retrouver une liberté de création, un nouveau souffle.

Octobre 2004 _______

Je suis, moi aussi au coeur de la tourmente, dans un hopital psychiatrique, et j'aspire également à devenir cette eau qui trouve en elle la ressource de briser le barrage, et de suivre son chemin, jusqu'à l'océan rédempteur.

J' y parviendrai. Et cette chanson y sera pour grande partie responsable. Ainsi que quelques autres (dont ses successeurs "Black Letter Days" et "Devil's Workshop"). Oui ce disque m'a peut-etre sauvé la vie.

Janvier 2021 _______

Après trois albums solo ( magnifiques mais inégaux) , et deux (inégaux aussi), avec les Catholics son nouveau groupe, Frank Black, ex-Black Francis et frontman des follement adulés Pixies, fait une impressionnant come back.

Ils en vndront environ 15, mais avec ce très beau "Dog In The Sand", il signe un album de folk-rock "classique", dans la droite lignée des anciens : Neil young, Johnny cash, T.Rex, ou carrément les Stones (on pense souvent à eux, tant la voix est parfois mimétique au point de se demander ce que Mick vient foutre sur cet enregistrement low cost)

Enregistrement old fashioned, sur un deux pistes, micros qui pendent, à l'ancienne, en live, sans re-recording, mais avec une inventivité dantesque et une énergie subnucléaire, rien de moins que ça !

D'ailleurs Frank raconte que tous les matins, ils écoutaient Exile On Main Street dans le camion. ca s'entend sur "The Swimmer", énormément sur "Hermaphroditos".

La voix est belle comme jamais auparavant, parfois à pleurer , le bougre a pris des cours (Neilyoungesque à souhait sur le sublime "i'll be blue" et l'hyper touchant "Stupid me" que j'ai écouté plus que de raison)

Musicalement, c'est immense. Le retour de l'hymalayesque (oui je kiffe les superlatifs) claviériste Eric Drew Feldman, ex Captain Beefheart, au piano hyper boogie-woogie (mais ici pas de place pour les demis-Schmoll hein) joue pour beaucoup dans cette réussite sidérante de cohésion.

Le come-back également de Joey Santiago (ex Pixies, Joseph Santiag pour les frenchies) et de ses sons roswelliens , mais point de surf guitar ici, c'est un vrai virage, une rupture. On est plutot dans une ambiance western, mais montée sur space mountain, un trip mexicain pulsé au tabasco, dans une vieille Buick musclée et pleine de téquila (ils n'ont pas encore découvert la guez au Mexique), lunettes noires et instruments southwestern.

Reste ceperndant omniprésent le fantome Pixies toujours caché derriere, Frank n'a rien perdu de son extraordinaire faculté à changer de vitesse et à trouver des subtilités dans tous les sens. Un mur de grattes qui doit beaucoup au guitariste Rich Gilbert, sorte d' Austin Powers rock, qui à grands renforts de pédale steel, contribue à rajouter de la puissance à ce son indie-western sous stéroides. Un genre de Buffalo grill supersonique quoi.

Pas de salade welcome, ici on taquine directement le triple steak de bison, et s'il est trop cuit, on demande à parler au Shériff de permance, qui se souviendra que les Catholics, c'est des putain de wiseguys, des pistoleros de l'amour. pas de note tripadvisor, non non : directement une balle calibre 9 à travers le poncho !

INTERLUDE :

21 mrs 2001 ________

Je suis allé les voir sur cette tournée, à l'Aéronef de Lille, j'habitais Paris et j'avais fait l'aller retour dans la soirée. Au retour j'ai reconnu le tourbus sur l'autoroute. Je me suis arrété à la station service,  j'ai dépanné Rich "Austin Powers" Gilbert d'un coup de fil, on a papoté 5 minutes, j'étais comme un gosse. Et lorsque j'ai vu Black fuckin' Francis sortir des toilettes avec un Picsou magasine sous le bras, j'ai su qu'il valait mieux continuer à iséaliser ses idoles de jeunesse.

- FIN DE L'INTERLUDE -

Un mur du son buffalo grill disais-je. Sévèrement burné.

Mais aussi de l'émotion, de la douceur. Charles Thompson avait donc un coeur !

"i'll be blue", "dog in the sand" et "stupid me" sont à mon sens, stupéfiants de beauté, de délicatesse, de chaleur, de mélancolie.

Et il il est au sommet de son art. Oui, je le dis, c,est à mon sens sa meilleure période toutes confondues. il n'a rien perdu de sa musicalité, de son sens de la mélodie immédiatement catchy. Il y a ici une puissance musicale indéniable, chaque chanson a son twist, son idée singulière à faire valoir. Ce type est tout de meme le songwriter qui a fait basculer les années 80.

J'ai longtemps hésité à en choisir deux autres, "Dog In The Sand" pour sa folle mélodie, et surtout "Bullet" qui constitue l'un des morceaux de bravoure de l'album. On est en plein western style, steel guitar à gogo, ampli à plein volume, aux textes obscurs comme toujours. Après la mort de son père en 1999, Frank a découvert chez lui 12 révolvers contenant chacun une balle. Il est ensuite question d'extra-terrestres et de révolution. je comprens pas grand chose mais qu'est-ce que j'ai pu écouter ce titre le matin en allant au taf.

Je n'étais plus sur la N118 du coté de Vélizy 2, pas du tout !

J'étais quelque part sur une route du Dakota, et bordel, j'allais mettre une rouste à tous ces enfoirés de roswells !

C'etait pas la grisaille et les embouteillages, non non, c'étaient les plaines sauvages de l'Iowa.

Et non j'étais pas serveur au Buffalo-Grill de Clamart, j'etais un putain de pistolero, baby !

"A SINGLE BULLET LOADED IN EACH ONE" 

Ma vie allait prendre un tournant bien plus romanesque.

Extrait : St. Francis Dam Disaster

Genre: Indie Rock
Pour les fans de Bob Mould, J Mascis

Par Captain merguez
@fonzarelli.bsky.social @merguezone1
Le 06-06-2024

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2024-06-05 23:58:19
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