Nous sommes en 2005 et je ne sais pas trop quoi écouter comme musique. Une amie me tend sa clef-USB et me dit « Écoute ça, ça va changer ta vie ».

Ca, c’est le deuxième album de la musicienne française Colleen (Cécile Schott), The Golden Morning Breaks. Elle ne rencontrera jamais un important succès commercial et c’est bien normal, sa musique est bien trop étrange et personnelle pour cela. Elle est pourtant une des musiciennes qui a le plus de personnalité ever. Un peu plus de 20 ans de carrière, une petite dizaine d’albums, des moyens très limités qui agissent comme autant de contraintes qui stimulent la créativité, une grande versatilité dans la production. Car aucun des huit albums canon de Colleen ne sonne comme un autre. Colleen a commencé par faire une musique exclusivement instrumentale à base de samples, puis elle a utilisé des instruments acoustiques (guitare, viole de gambe, boîtes à musique). Après avoir surmonté le syndrome de la page blanche, Colleen a publié une série d’albums sur lesquels… hé bien on entend des percussions et du chant. Ensuite elle utilisera des petits synthés et boîtes à rythme, et ces jours-ci Colleen semble revenir à une musique instrumentale.

Chaque album a donc sa propre personnalité, son ambiance, sa couleur musicale, pourtant on reconnaît immédiatement le style de Colleen. Un musicologue saurait expliquer pourquoi, quelles astuces de composition Colleen utilise ; le fait est qu’entre son album composé à partir de quelques notes de viole de gambe et beaucoup de silence (le silence est un instrument de musique à part entière chez Colleen), et son album qui repose sur des percussions et du chant, il ne fait aucun doute que la même musicienne est à l’œuvre.

The Golden Morning Breaks est un album qui repose sur quelques boucles mélodiques acoustiques qui vont s’empiler, se déplacer, disparaître. Réalisé avec les moyens du bord, les coutures apparentes trahissent davantage une spontanéité et une forte humanité que de la maladresse. Sa musique est comme un rêve, et pour être honnête j’ai rarement réussi à écouter cet album en entier. La musique de Colleen m’endort souvent, dans le sens le plus positif qu’il soit. La musique de Colleen est d’une grande délicatesse, d’une grande beauté et extrêmement apaisante. Je ne peux que recommander l’écoute complète de cet album, mais on peut mettre en avant quelques pistes : The Happy Sea est un morceau qui remplit de joie et de chaleur, I’ll Read You a Story est onirique et transporte l’auditeur dans un monde étrange et apaisé. Plus globalement tout l’album provoque des sensations et des émotions que l’on rencontre rarement en musique.

Cette amie qui m’a fait découvrir Colleen ? C’était Natalie Portman.