"I was sayin' let me out of here before I was even born…" (Blank Generation)
"Kill me please"
"I'm in love with rock'n'roll" (Roadrunner, The Modern Lovers)
Octobre 1976. Salle de classe. Cours d'anglais. La prof, jolie toute jeune m'interpelle :"Zoltan - oui c'est mon nom d'emprunt d'avant, d'avant le Z et le B, Z comme la fin de l'alphabet et B comme dans série B, le A absolu c'est pour plus tard l'Après - tu n'as pas choisi de correspondant." Ben ouais j'ai tardé retardé au maximum espérant naïf l'oubli. Qu'il n'y aurait plus de choix. Raté ! Il n'y a plus de choix. La prof me tend une lettre et une photo : " Ce sera elle. Allyson." Je lis la lettre - "Allyson with a why" aime la musique, la musique et la musique et Rimbaud, Boris Vian et Barjavel (ah ouais). Je regarde la photo, par dessus mon épaule, mon pote Olivier glousse "Ha ha à toi la grosse petite anglaise !" (le film est sorti en début d'année) Sauf que… sauf que la demoiselle m'apprendra dans sa troisième lettre que sur la photo ce n'est pas elle. Chose que je vérifierai lors d'un premier séjour début décembre. En vrai et c'est un peu anachronique de le dire comme ça, elle avait de faux airs de Gillian Gilbert (les fossettes, les grands yeux). Son père, un électricien du même âge que mon oncle Roc'n'Roland, m'aura à la bonne dès le premier contact, une poignée de main virile assortie d'un "petit, si tu viens pour b... ma fille je t'renvoie dans ton pays à grands coups de pied au cul" et, me montrant son t-shirt "tu le connais lui ?" Gene Vincent, be bop a lula race with the devil... "le vrai King (diplomate, pour ne pas relancer la guerre de 100 ans j'ui dirai pas que Roc'n'Roland et moi on penche plutôt pour Chuck Berry, passons)...et t'en connais d'autres" Eddie Cochran, Chuck Berry, Little Richard, Bo Diddley, Jerry lee Lewis "c'est bon, frenchy, si tu veux épouser ma fille je te la donne !" (rires)
10 décembre 1976. Banlieue londonienne. Comme tous les soirs, la radio est allumée. Radio One. La famille réunie autour du poste attend le bouillon d'onze heures-minuit, le show du "Messie" (John Peel).On se couche tard dans la famille. Dans moins d'un quart d'heure, un choc cataclysmique va venir me bousculer violemment et, par là, faire dévier de quelques degrés mon Pôle gravitationnel et élargir de fait mes espérances de vie. A moins que ce ne soit les effets secondaires des première et deuxième bières bues...
Démarrage. 'Grinderswitch'. Ils lancent leur magnétophone (me feront une copie + playlist que j'ai toujours, repiquée à l'infini, impraticable désormais). La voix de l'animateur annonce : "Well, I think you’ll find this programme's in rather marked contrast to the programme that has preceded it, because tonight we're going to have a look at punk rock… blablabla..." A look at what ? Qu'est ce qu'il a dit ? "Punk rock !" J'ai placé beaucoup d'espoirs dans ce mot : punk (Richard Meltzer aussi). Et s'enchaînèrent les 8 étapes qui mènent à l'ouverture des Portes…
OK Mum, OK Dad...
one two three… première déferlante crade et bordélique, THE DAMNED avec So Messed Up (c'est la session du jour) suivi du Pushin' Too Hard des Seeds
...deuxième déferlante déjà plus vicelarde… alright woo!
Iggy & The Stooges - Your Pretty Face Is Going To Hell
Eddie & The Hot Rods - Horseplay (Weary Of The Schmaltz)
...suivie d'une troisième, le génial Neat Neat Neat des Damned,
d'une quatrième nihilisto-sarcastique, Richard Hell & The Voidoids et leur emblématique Blank Generation, le petit bijou de Television et les Tuff Darts (Robert Gordon au chant)
la cinquième et ses accents "sociopathétiques" D-d-don't need a cure, need a final solution (Pere Ubu)
déferlante sick sick six... I got a feeling inside of me
It's kind of strange, like a stormy sea (New Rose) les DAMNED à nouveau,
après quoi,
la septième défertante
fait surgir,
RUGIE,
LA FORMULE, le wopbopaloobopalopbamboom de ma génération
I AM AN ANTICHRIST... (Anarchy In The UK)
neuf jours plus tôt, les Sex Pistols ont fait scandale à la télévision. Ils sont dans tous les journaux britanniques. Beaucoup de leurs concerts sont annulés, leurs chansons interdites d'ondes. On 'conseille' au producteur de l'émission, John Walters, de ne pas passer de punk. Il répondra, flegmatique : "On l'a déjà fait." Peel enchaîne Fast, New York Dolls, The Saints, les Damned à nouveau, une dernière fois, les précurseurs Shadows of Knight
PUIS
l'estocade finale est donnée
"I don't wanna walk around with you
So why you wanna walk around with me?" (California Sun/I Don't Wanna Walk Around With You')
les Ramones et la face B de "I wanna be your boyfriend", leur premeir 45t.
Comme les Damned et leur référence parlée au début de New Rose (is she really going out with him ) au tube des Shangri La's (leader of the pack), les Ramones agglomèrent en version concert au Roxy de L.A le California Sun des Rivieras à leur 'dont wanna walk around with you'. Deux chansons de 1964 comme si un pont était jeté de 1964 à 1976 enjambant et contournant toute la musique produite entre ces deux dates.
Nous étions une génération vierge. John Peel venait de nous offrir le matériel pour écrire la première page du reste de notre vie. Notre ennemi sera la Résignation.
"...all we want is to just be free
Live our life the way we want to be
All we want is to just have fun
Live our life like it's just begun..." (Pushin' too hard, The Seeds)
alternative tracks : Adverts : One chord wonders Undertones : Teenage kicks
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