Si vous aimez votre rock épique canadien livré par des messagers un tant soit peu recommandables, vous préférerez peut-être Wolf Parade à Arcade Fire. La comparaison est à la fois justifiée et intenable : là où les derniers ont épousé (avant de s’y perdre) la grandiloquence de stade et les envolées springsteeniennes, les premiers se sont progressivement lovés dans un pompiérisme plus subtil et complexe, aux accents prog ou psychédéliques. Mais les deux groupes ont bien débuté en même temps, dans les mêmes sphères, et se sont un temps très bref tirés la bourre pour le pompon de l’indie montréalais. Ils partagent même une église, celle qui a servi à l’enregistrement de leur deuxième album respectif.
Celui-ci est le premier, où se brosse la marque de fabrique de Wolf Parade : un songwriting conversationnel entre les deux têtes pensantes du groupe, Spencer Krug et Dan Boeckner. L’un cérébral et verbeux, l’autre enflammé et intense. Ce contraste fait des miracles sur un disque à la fois limpide et tortueux, qui évolue dans un équilibre parfait entre évidence pop et décrochages plus méditatifs. On a envie d’y revenir autant pour ce qu’on y reconnaît que pour ce qui nous y résiste.
Les side-projects poursuivront cette dichotomie : anthémiques et furieux avec Handsome Furs pour Dan et sinueux et élégants avec Sunset Rubdown pour Spencer. Mais l’alliance des deux sur ce premier effort de Wolf Parade reste le pinacle de leur carrière, un moment de spontanéité raffinée pourvu d’un souffle irrésistible.
Genre: Rock| Top #20 de la journée |
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